Pour comprendre quelque chose, nous pouvons l’objectiver, le considérer comme un objet, en donner une description logique avec des faits universellement vrais. Par exemple, H2O est la formule chimique de l’eau.
Pourtant, comprendre ne se limite pas à connaître les faits, il s’agit également de connaître le « pourquoi » derrière ces faits. Faire l’expérience directe d’un objet ou d’un lieu (regarder, toucher, écouter…) reste le meilleur moyen pour mieux saisir ces rapports, d’où des expressions telles que : « À leur place, je comprends pourquoi ils ont fait ça ». Notre interprétation personnelle est subjective, influencée par nos propres sentiments et nos avis. Il ne s’agit pas forcément de la vérité absolue, mais c’est notre vérité à nous basée sur ce que nous trouvons significatif lorsque nous prenons en compte les faits sous différentes perspectives.
L’anthropologue français Philippe Descola met en évidence cette division entre la compréhension objective et subjective dans son ouvrage « Ethnographies des mondes à venir » (Edition Seuil, 2022). Il évoque également d’autres clivages comme celui entre nature et culture, la nature étant non humaine, faisant naître l’idée qu’elle doit être apprivoisée, transformée et exploitée alors que la culture appartient à la société humaine et au développement. Cette séparation appuie son concept de « naturalisme » et son désir de considérer les êtres non humains, c’est-à-dire tout ce qui forme la nature, comme des partenaires sociaux égaux aux humains et non comme des objets.
Nous avons désormais des parcs nationaux, des zones protégées et des projets de « rewilding », mais notre conception de la nature et la manière dont nous la traitons sont-elles si différentes de celles de l’époque coloniale et de la révolution industrielle ? Un tel rapprochement, comme le soutient Descola, pourrait être la clé d’un avenir durable, mais pour l’instant, l’interprétation peut au moins provoquer une réflexion chez le public pour qu’il prend en compte son espace de vie et obtient une compréhension plus profonde de notre relation complexe avec notre environnement.